15 septembre 2023
Fatih Birol, Directeur de l’Agence internationale de l’énergie, annonce le “début de la fin” des énergies fossiles
Le Directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, a annoncé le 12 septembre 2023 le « début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles. En effet, une étude d’Ember sur les énergies propres a montré que 107 pays sur les 215 étudiés avaient dépassé leur pic de consommation de gaz, de charbon et de pétrole, il y a au moins 5 ans maintenant.
Ce pic de consommation a incité ces pays à baisser considérablement leur recours aux énergies fossiles, notamment via l’augmentation de la production d’électricité. Les prévisions indiquent qu’environ 108 autres pays devraient suivre ce même schéma dans les cinq prochaines années.
Le pic absolu de la consommation mondiale dépassé grâce à la technologie
Dans la dernière édition de son Rapport sur les perspectives énergétiques mondiales l’AIE a affirmé que le pic absolu de la consommation mondiale en énergies fossiles sera largement atteint à l’horizon 2030. Selon les prévisions, elle se verra stagner jusqu’à 2050 puis décroître très progressivement. C’est l’investissement technologique majeur dans les énergies renouvelables et dans une économie décarbonée qui en seront les causes majeures, et non seulement l’épuisement des ressources. À titre d’exemple, l’AIE estime que 35 % des ventes mondiales d’automobiles seront des voitures électriques d’ici 2030, contre moins de 17 % en 2023. Une telle part de voitures électriques pourrait réduire la consommation de pétrole dans le monde à hauteur de 5 millions de barils par jour.
Un tournant insuffisant pour respecter les objectifs des Accords de Paris
Si cette échéance marque un tournant dans la transition énergétique, le rapport de l’AIE précise qu’elle sera loin d’être achevée et que cela ne sera pas suffisant pour maintenir le cap fixé par les Accords de Paris sur le climat, adoptés en 2016. La COP28, qui s’est tenue à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, a permis de faire un premier bilan officiel sur ces accords. Le but a été de déterminer si les décisions politiques des dirigeants du monde entier vont permettre de limiter le réchauffement à 1,5°C sur le long terme. Cependant, le rapport technique publié par l’ONU en appui à ce bilan est largement négatif. Effectivement, ce dernier met en avant que “les émissions mondiales ne suivent pas les trajectoires d’atténuation (…) compatibles avec l’objectif de température de l’accord de Paris, et les possibilités de relever le niveau d’ambition (…) s’amenuisent rapidement”.
La consommation d’énergies fossiles responsable de 70 % des émissions de gaz à effet de serre
Les combustibles fossiles brûlés sont les émetteurs de la grande majorité (70%) des émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre dans le monde. Ces derniers piègent la chaleur dans l’atmosphère, faisant d’eux les premiers responsables du réchauffement climatique et de ses conséquences. Deux associations françaises (Data for Good et Eclaircies) ont élaboré une carte situant un total de 422 sites d’extraction de pétrole, de gaz et de charbon répartis dans le monde. Ces sites ont, à eux seuls, un potentiel d’émission de gaz à effet de serre pouvant annuler toute chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C.