5 mai 2023
Retour sur la Journée mondiale de la Santé et de la Sécurité au travail – quels nouveaux enjeux ?
Retour sur le webinaire organisé à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé et de la Sécurité au travail du 28 avril et ses nouveaux enjeux notamment sur la question de la santé mentale en entreprise.
Le 28 avril 2023 à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé et de la Sécurité au Travail, l’Organisation Internationale du Travail a organisé un webinaire spécial en collaboration avec le Pacte mondial Réseau France, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), la Direction générale du Travail et l’Ecole Nationale Supérieur de Sécurité Sociale (EN3S).
La question de la Santé au Travail est au cœur des réflexions au sujet d’une mondialisation plus juste. Ainsi, en juin 2022 au cours de sa 110ème session, la Conférence internationale du travail a érigé le droit à un environnement sûr et salubre au rang de principe et droit fondamental au travail. C’est pourquoi la Convention 155 et la Convention 187 ont été élevées au rang de conventions fondamentales avec une obligation pour les pays membres de promouvoir ces conventions.
Le Dr. Halim Hamzaoui a présenté les messages clés du rapport mondial de l’OIT sur la Santé et la Sécurité au Travail : il s’agit d’abord de concrétiser ce nouveau droit fondamental avec l’accès à la Santé au Travail pour toutes et tous et notamment pour les populations les plus vulnérables. En effet, 50% des pays dans le monde n’ont pas de politique Santé et Sécurité au Travail. Pour corriger cet écueil, il s’agit à la fois de s’appuyer sur un dialogue social efficace et efficient en la matière et aussi l’approche systémique intégrée que représente la Convention 187 de l’OIT. Les questions de Santé et de Sécurité au Travail doivent également répondre à des nouveaux enjeux comme le risque climatique, le risque biologique (cf Covid 19) ou celui de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Le Dr. Hamzaoui a également évoqué la problématique de la santé mentale qui est venue sur le devant de la scène avec les questions de l’éco-anxiété, du risque de désocialisation avec le télétravail. L’OIT a publié des Principes directeurs sur la Santé mentale au Travail avec l’OMS.
L’INRS en la personne d’Éric Drais a traité de la dialectique entre dialogue social qui implique les instances représentatives du personnel et le dialogue professionnel[1] avec un focus notamment sur le secteur des services à la personne et des aides à domicile (1,3 millions d’emplois) où les salariées sont souvent en souffrance et les conditions de travail très difficiles au niveau physique mais aussi mental. C’est aussi un secteur qui peut subir une sorte d’effet « cocktail » avec un cumul de facteurs de risques.
Le panel avec les partenaires sociaux, le Dr. Salengro (CFE-CGC), Madame Lamoureux (CFDT) et Monsieur Levy (France Chimie) ont parlé de l’importance du dialogue social qui est irremplaçable y compris par rapport au dialogue professionnel mais aussi de la problématique de la santé mentale qui devient de plus en plus prégnante. Monsieur Lévy a indiqué le besoin de cohérence notamment chez les employeurs entre les discours RSE et la pratique notamment pour des questions d’attractivité des talents. Monsieur Salengro a déploré la fin des CHSCT et a affirmé que l’investissement dans la santé au travail devrait être une priorité au sein des entreprises comme la qualité ou la maintenance !
La table ronde orientée entreprises, modérée par le réseau français du Pacte mondial réseau France, a mis en avant les bonnes pratiques de deux adhérents. Tout d’abord EDF avec Monsieur Chaulet et sa politique de zéro accident y compris chez les prestataires et les sous-traitants qui peuvent invoquer « un droit de retrait » des chantiers s’ils estiment leur sécurité en danger, ainsi que l’outil EDF pour prévenir les risques de santé mentale avec notamment « MyEDF » car les conflits de valeur pour les salariés sont de plus en plus courant. Monsieur Goetz pour Véolia a présenté la politique globale de Santé au travail à la suite de la signature de la Déclaration de Séoul par Monsieur Antoine Frérot en 2008, Monsieur Goetz a également expliqué en quoi la Santé et la Sécurité au Travail contribuent à la performance plurielle du groupe. Les deux entreprises ont insisté sur l’importance de la formation et la montée en compétence en matière de Santé et de Sécurité au Travail de l’encadrement de proximité. L’EN3S en la personne de son directeur international Arnaud Emeriau a présenté le guide « Entreprises mondiales et bien-être au travail » réalisé avec plusieurs grandes entreprises comme L’Oréal, Legrand, Sanofi ou Saint Gobain, ce guide est une pierre à l’édifice d’une conception universelle du bien-être au travail.
La matinée s’est conclue avec le directeur général du Travail, Pierre Ramain, qui a rappelé la ratification récente de la France de la Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement au travail, les axes du 4e plan Santé au Travail ainsi qu’un processus à l’étude de ratification de la Convention 155 sur l’OIT.
La Santé et la Sécurité et en particulier la santé mentale au Travail continueront à être abordés que ce soit à l’OIT ou le Pacte mondial réseau France notamment à travers le Groupe de travail Droits humains.
[1] Le dialogue professionnel désigne des échanges, plus ou moins institutionnalisés, entre les membres d’une équipe de travail ou entre les départements d’une entreprise pour aborder les activités de travail.