27 juin 2024
Une mobilisation multi-acteurs en faveur du salaire décent
Défini par l’OIT, le salaire décent permet aux travailleurs de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Le Pacte mondial des Nations Unies travaille avec les organisations onusiennes, les ONG, les universitaires et les entreprises, afin que ces dernières renforcent leurs engagements dans ce domaine.
Le salaire décent est reconnu par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) comme étant la rémunération perçue par un travailleur pour une semaine de travail normale, qui lui permet de subvenir à ses besoins essentiels ainsi que ceux de sa famille. Passerelle entre l’ONU et le secteur privé, le Pacte mondial des Nations Unies a ainsi naturellement fait du salaire décent un de ses principaux axes de travail.
Parmi les initiatives mises en œuvre en ce sens, le Pacte mondial des Nations Unies a mis en place un groupe de travail, avec des entreprises du monde entier, pour faire de cette définition onusienne une réalité concrète au sein des entreprises. Un guide et un outil d’analyse ont ensuite été publiés en ce sens.
Plus récemment, le Pacte mondial a lancé l’initiative Forward Faster, en appelant les entreprises à renforcer leur engagement en prenant des actions concrètes et responsables dans cinq domaines d’action prioritaires, dont fait partie le salaire décent. 39 entreprises françaises, de toutes tailles et secteur d’activité, ont déjà pris l’engagement de payer un salaire décent à 100 % de leurs employés d’ici 2030.
- Lire la tribune de Sanda Ojiambo en faveur du salaire décent (en anglais)
LIVING WAGE AND LIVING INCOME SUMMIT
Le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France était présent à la 2ème édition du Living Wage and Living Income Summit, organisé par l’agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ) et IDH. L’événement a rassemblé près de 400 personnes et 250 organisations : entreprises, parmi lesquelles Danone, L’Oréal, Michelin, Téléperformance ou encore, Vinci, experts de l’OIT, FAO, syndicats, initiatives sectorielles, ONG ou encore universitaires et chercheurs. L’objectif était de partager des bonnes pratiques, des succès, mais aussi et surtout les défis qui subsistent.
En effet, sur les 2 000 entreprises parmi les plus influentes au monde, dont le rôle dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) a été analysé par la World Benchmarking Alliance, seulement 4% ont pris des mesures publiques concrètes en faveur d’une rémunération décente pour leurs employés et 3 % pour leurs chaînes d’approvisionnement. Pourtant, la question du salaire vital est fortement corrélée avec l’atteinte de plusieurs ODD et joue un rôle significatif dans l’éradication du travail des enfants et de la pauvreté. L’ensemble des participants ont rappelé la nécessité d’avoir de plus en plus d’entreprises engagées dans la démarche. Ces dernières ne sont pas les seules impliquées : la responsabilité est partagée et une action collective est nécessaire, avec l’appui des gouvernements, des organisations internationales et des organisations syndicales.
Les éléments clés de l’événement
- Il a été rappelé que l’Organisation internationale du Travail (OIT) est parvenue à un accord sur la question du salaire vital. Cet accord, conclu lors d’une réunion d’experts sur les politiques salariales en février, a été approuvé par le Conseil d’administration de l’OIT le 13 mars 2024. Les experts ont convenu que les salaires décents sont essentiels au développement économique et social et à la promotion de la justice sociale. Ils jouent également un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté et des inégalités et dans la garantie d’une vie décente et digne.
- Les entreprises peuvent ainsi maintenant s’appuyer sur la définition adoptée par l’OIT.
- Les entreprises souhaitent une importante sensibilisation (par les Organisations Internationales) pour faire connaître la thématique (notamment en dehors de l’Europe)
- En plus d’offrir des moyens de subsistance décents aux travailleurs, il y a de vrais bénéfices pour l’économie et l’entreprise : baisse du travail informel, hausse de la consommation, bien-être au travail renforcé, augmentation de la productivité, potentielle baisse du turn over…
- Une synergie d’approche entre les objectifs environnementaux et les objectifs d’un revenu décent est nécessaire pour progresser sur les 2 fronts. Garantir un revenu décent est un des enjeux de la transition juste.
- Il n’existe pas une solution unique (« one size does not fit all ») : une approche holistique, multifactorielle, au plus près du terrain est à entreprendre pour tenir compte des spécificités locales.
- Les entreprises qui ont déjà commencé à travailler avec leurs filiales et fournisseurs recommandent d’expliquer clairement le projet, les résultats qui en découleraient et d’être un soutien, tant sur la formation, que sur les outils et les ressources financières.
- La plupart des craintes concernent l’impact sur les prix. L’amélioration de la productivité et de l’engagement des salariés est un facteur important pour limiter cet impact. La transparence sur le processus de définition des couts sera nécessaire pour éviter une concurrence basée sur le seul élément du prix. Il n’est pas exclu que les entreprises, et au final le consommateur, payent plus cher certains biens et services.
- Beaucoup d’entreprises ont déjà avancé mais n’ont pas forcément rendu publiques leurs actions
La mise en place d’une rémunération décente (living wage) pour tous ne peut se résumer à un coût, c’est avant tout un investissement pour une chaîne de valeur plus durable et résiliente. Le voyage sera long et parfois difficile mais le Pacte mondial des Nations Unies accompagnera au mieux les entreprises, notamment à travers l’initiative Forward Faster ou des sessions de travail dédiées à la thématique du travail décent.