6 novembre 2023
Un rapport de l’Université des Nations unies identifie six risques irréversibles pour la planète
L’Université des Nations Unies, un groupe de réflexion académique onusien, a publié un nouvel état des lieux des menaces pouvant faire basculer le bon fonctionnement de la planète et identifie une nouvelle catégorie de risques sur l’interaction entre les systèmes humains et la nature.
L’étude “The 2023 Interconnected Disaster Risks”, publiée le 25 octobre dernier, fait état de six risques interconnectés représentant une menace immédiate et grandissante vis-à-vis du fonctionnement des systèmes essentiels à la vie sur Terre.
Tout en évoquant certaines menaces déjà connues, le rapport ajoute au concept de point de basculement climatique un nouveau type de risque avec les “risk tipping points”, ou points de bascule des risques.
Ceux-ci seraient atteints si les systèmes dont nous dépendons pour notre vie et nos sociétés ne peuvent plus amortir les risques et cessent de fonctionner comme attendu. Aujourd’hui, nous nous rapprochons de plusieurs de ces points de bascule, car l’activité humaine impose des bouleversements rapides et fondamentaux à la planète. Ces six seuils sont les suivants :
L’accélération des extinctions : « l’extinction d’une espèce à fortes interactions dans un écosystème donné peut déclencher d’autres extinctions en cascade d’espèces dépendantes, ce qui peut conduire à l’effondrement de l’écosystème. » L’extinction est un processus d’évolution qui a façonné la vie sur la planète. Ce processus se déroule généralement sur des milliers voire des millions d’années, mais les activités humaines intensives, telles que la modification de l’utilisation des sols, la surexploitation, le changement climatique, la pollution et l’introduction d’espèces envahissantes, ont considérablement accru les taux d’extinction.
L’épuisement des eaux souterraines : « Lorsque les niveaux des nappes phréatiques descendent régulièrement en dessous de la profondeur des systèmes d’extraction, l’accès aux eaux souterraines devient problématique, ce qui augmente le risque pour les agriculteurs de ne pas pouvoir irriguer leurs cultures. » Les nappes phréatiques, stockées dans des réservoirs souterrains appelés “aquifères”, sont essentielles pour l’eau douce. Cependant, 21 des 37 principaux aquifères mondiaux s’épuisent plus rapidement qu’ils ne se reconstituent. Même si cette eau s’est accumulée pendant des milliers d’années, sa recharge complète demanderait un temps équivalent.
La fonte des glaciers : « Lorsque les glaciers reculent, les réserves de glace à long terme fondent et sont libérées sous forme d’eau de fonte. » Cette eau, stockée dans les glaciers, contribue à l’approvisionnement en eau potable, à l’irrigation, à la production d’énergie hydraulique et au maintien des écosystèmes de vastes régions. Cependant, en raison du réchauffement climatique, les glaciers fondent maintenant deux fois plus vite qu’au cours des deux dernières décennies. Initialement, le volume d’eau libéré augmente jusqu’à un maximum, puis diminue à mesure que le glacier rétrécit, affectant la disponibilité d’eau douce pour les humains et d’autres espèces.
Une augmentation des débris spatiaux : Des milliers de satellites gravitent autour de la Terre, recueillant et distribuant des informations vitales pour la surveillance des changements météorologiques, les systèmes d’alerte et les communications. Si le nombre de ces objets en orbite continue d’augmenter et atteignait un seuil critique, le système satellitaire deviendrait tellement encombré de débris qu’il perdrait son utilité. Cela mettrait en péril la capacité de réaction en cas de catastrophe.
Une chaleur insoutenable : « Une exposition à une température humide supérieure à 35°C plus de six heures a des conséquences extrêmes sur la santé. Ce seuil s’abaisse considérablement lorsque d’autres facteurs sont pris en compte, tels que l’âge, l’état de santé ou le niveau d’activité. » Les chaleurs extrêmes dues au réchauffement climatique sont déjà responsables d’une surmortalité annuelle moyenne de 500 000 personnes au cours des deux dernières décennies
Un avenir non assurable : Le changement climatique a un impact significatif sur la nature et la fréquence des catastrophes environnementales. « Des risques de plus en plus graves font grimper les coûts des assurances, jusqu’à les rendre inaccessibles. Une fois ce cap franchi, de nombreux individus se retrouvent sans filet de sécurité économique en cas de catastrophe, ouvrant la porte à des impacts socio-économiques en cascade dans les zones à haut risque.» Le nombre de catastrophes graves et fréquentes devrait doubler à l’échelle mondiale d’ici 2040, entraînant une hausse des frais d’assurance.