22 septembre 2023
Le secteur privé est appelé à prendre ses responsabilités pour sauver les Objectifs de développement durable
En ce moment se tient à l’ONU la semaine diplomatique la plus chargée de l’année. À mi-parcours de la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), cette séquence est d’autant plus cruciale. Comme annoncé lors du Forum politique de haut-niveau en juillet dernier, le monde n’est pas sur la bonne voie pour la mise en œuvre des ODD, avec seulement 15% des cibles sur la voie d’être atteintes ! Pour inverser la tendance, tous les acteurs, dont les entreprises, sont invités à intensifier au plus vite leur contribution aux ODD.
TENIR LES PROMESSES DE L’AGENDA 2030 : NE LAISSER PERSONNE DE CÔTÉ
Comme la résignation n’est pas de mise, les chefs d’États – réunis lors de la 78e Assemblée générale des Nations unies à New York – ont adopté une déclaration commune pour accélérer la mise en œuvre des ODD. Cette même Assemblée générale avait adopté, en 2015, l’Agenda 2030, avec la promesse de ne laisser personne de côté. Or, cette dernière est encore loin d’être tenue.
« Il est temps de faire des compromis pour un avenir meilleur. La politique est un compromis. La diplomatie est un compromis. Un leadership efficace est un compromis », a indiqué António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies.
MOBILISER LES INVESTISSEMENTS DES ENTREPRISES EN FAVEUR DES ODD
À l’occasion du Private Sector Forum, forum de haut-niveau organisé par le Pacte mondial des Nations Unies (United Nations Global Compact) et qui réunissait ce lundi 18 septembre chefs de gouvernements, PDG d’entreprises mondiales et organisations du secteur privé, le Secrétaire général a appelé à une nouvelle architecture financière mondiale, insistant sur « le fait que les banques multilatérales de développement devraient, au-delà de leurs opérations, s’engager beaucoup plus dans les garanties, en étant les premières à prendre des risques dans les coalitions de différentes organisations financières et dans d’autres interventions visant à dérisquer le financement privé et l’investissement privé dans les pays en voie de développement ».
Il est urgent d’agir et de prendre nos responsabilités, a conclu celui qui est également Président du Conseil d’administration du Pacte mondial des Nations unies : « Investir dans les ODD est à la fois raisonnable et faisable : c’est une situation gagnant-gagnant pour le monde, car les taux de rendement social et économique du développement durable dans les pays en développement sont très élevés ».
RENFORCER LA CONTRIBUTION DU SECTEUR PRIVÉ À LA MISE EN ŒUVRE DES ODD
Le Bilan mondial du secteur privé en matière d’Objectifs de développement durable, porté par le Pacte mondial des Nations Unies et Accenture et publié à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, propose dix pistes concrètes d’action pour les entreprises :
- S’engager à nouveau à respecter les Dix principes du Pacte mondial de l’ONU ;
- Fournir un salaire décent aux employés sur l’ensemble de sa chaîne de valeur ;
- Promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes à tous les niveaux de l’entreprise ;
- Innover de manière responsable en tenant compte de sa responsabilité dans toutes les activités d’innovation et en anticipant les conséquences imprévues ;
- Accélérer la lutte contre le réchauffement climatique en fixant des objectifs scientifiques de réduction nette des émissions de zéro, conformément à une trajectoire de 1,5°C ;
- Améliorer la gestion de l’eau en obtenant un impact net positif sur l’eau dans les bassins soumis au stress hydrique ;
- Protéger et restaurer la nature en s’alignant sur la Taskforce sur les informations financières liées à la nature ;
- Investir dans l’économie circulaire en s’approvisionnant à 100 % en matériaux durables renouvelables, recyclables ou réutilisables ;
- S’engager en faveur d’une finance d’entreprise durable alignée sur la mise en œuvre des ODD ;
- Renforcer le leadership en matière de durabilité en alignant la rémunération des dirigeants sur les objectifs alignés sur les ODD et en créant une position au sein du Conseil d’administration pour défendre les intérêts à long terme de toutes les parties prenantes.
Pour Nils Pedersen, Délégué général du Pacte mondial des Nations Unies – Réseau France, présent à New York à cette occasion, « il y a là une opportunité pour que les entreprises françaises membres de notre initiative onusienne, mais plus largement tout le secteur privé français, puisse accélérer la mise en œuvre des ODD, qui relève d’une démarche collective. » S’il regrette une faible connaissance des ODD en France (4 Français sur 10 disent avoir entendu parlé des ODD, mais seuls 12% savent précisément ce qu’il en est selon une étude d’opinion publiée en juin dernier par Ipsos / Pacte mondial de l’ONU – Réseau France), il se réjouit du fait que « les Français soulignent que globalement le diagnostic effectué par l’ONU sur les différents défis mondiaux est le bon (63%) ». Par ailleurs, 94% des Français estiment que les entreprises ont un rôle à jouer sur les enjeux sociaux et environnementaux dans le monde et 90% qu’elles ont la capacité d’agir.
« Alors que la CSRD va renforcer les exigences de reporting de durabilité des sociétés, il y une là une formidable occasion d’améliorer la qualité des données ESG dans une logique de concordance avec les ODD. La CSRD s’intègre pleinement comme l’un des élément clé du Pacte Vert pour l’Europe (Green Deal), aussi rappelons que l’avenir de l’Europe – mais de l’humanité tout entière – dépend d’une planète en bonne santé. L’Europe s’est engagée à la neutralité climatique d’ici à 2050, respectant ainsi les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris. C’est donc une ambition partagée à laquelle le secteur privé est pleinement contributeur », ajoute-t-il.
En France, près de 2 000 entreprises et organisations se sont engagées à aligner leurs opérations et leurs stratégies sur les Dix principes universels dans les domaines des droits de l’homme, du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption. Les Dix principes du Pacte mondial et les 17 ODD proposent tout à la fois un langage commun – partout dans le monde – un cadre de référence pour agir et aussi une source d’opportunités.
« Nous appelons toutes les entreprises à nous rejoindre et à prendre part activement à la transition juste, c’est-à-dire à rendre l’économie plus verte, d’une manière équitable et inclusive pour toutes les personnes concernées, en créant des opportunités de travail décent et en ne laissant personne de côté, conclut Nils Pedersen. Nous avons besoin d’action et de résultats tangibles pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris et de l’Agenda 2030. »