24 mai 2023
Les incidences économiques de l’action pour le climat
Le 24 mai 2023 avait lieu à Paris une conférence organisée par France Stratégie sur la mission d’évaluation des impacts macroéconomiques de la transition écologique, confiée à l’économiste Jean Pisani-Ferry par la Première Ministre. Cet événement était l’occasion pour les intervenants présents de débattre de l’ampleur des efforts à réaliser afin de mettre en place une transformation globale et rapide de notre économie.
La transition vers une neutralité climatique d’ici 2050, seule voie de sortie à la crise climatique pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous des 2°C, est encore possible, mais plus pour très longtemps. De fait, à mesure que les conséquences (mégafeux de forêts, canicules, fonte de la banquise, montée des eaux…) sont de plus en plus visibles et violentes, la nécessité d’une sortie des énergies fossiles vers les énergies renouvelables se fait de plus en plus urgente.
C’est dans ce cadre que la Première Ministre Elisabeth Borne chargea, en septembre 2022, l’économiste Jean Pisani-Ferry d’une mission d’évaluation des incidences économiques de la lutte contre le réchauffement climatique. Bénéficiant de l’appui de l’Inspection Générale des Finances dont provient la rapporteure Selma Mahfouz, et de France Stratégie qui assurait le secrétariat, la mission d’évaluation a mesuré les impacts à court, moyen et long terme de la transition écologique et a proposé des solutions afin de prendre en compte de la meilleure des façons ces impacts tout en continuant à accélérer l’action climatique.
Mobilisant une centaine d’experts des administrations, des institutions économiques et du monde de la recherche, cette mission a approfondi plusieurs questions liées à l’impact sur l’économie de la transformation majeure et globale qui l’attend face à l’ampleur de la crise climatique. Cette transformation, qui se doit d’être pilotée par les politiques publiques, est articulée autour d’une dizaine de thèmes (sobriété, dommages et adaptation, inflation, productivité, compétitivité, marché du travail, marché du capital, enjeux distributifs, modélisation, bien-être, indicateurs et données), chacun faisant l’objet d’un rapport thématique bien précis.
Après avoir remis un rapport de synthèse à la Première Ministre le 22 mai, Jean Pisani-Ferry présentait ses conclusions lors d’une conférence deux jours plus tard dans l’auditorium Marceau Long à Paris. Du fait de la gravité de la situation climatique, l’économiste a rappelé que la transformation globale est nécessaire et se doit d’être fait durant cette décennie autour de trois axes majeurs. Le premier concerne la réorientation du progrès technique vers les industries vertes et énergies renouvelables, dont le coût en nette diminution dans les prochaines années ne rend pas impossible l’idée d’une nouvelle croissance. Le second concerne la sobriété, définie comme la réduction des consommations d’énergie. Enfin, le troisième signifie la substitution du capital aux énergies fossiles, c’est-à-dire la réorientation des investissements actuellement vers les énergies renouvelables et décarbonées. Cette transition aura de fait un coût économique sur les finances publiques et la croissance et un coût social sur les différentes couches qui nécessitera un impératif d’équité pour être acceptée par tous. Une table ronde était ensuite organisée avec plusieurs intervenants :
- Agnès BENASSY-QUÉRÉ, Sous-gouverneure de la Banque de France ;
- Cécile DUFLOT, Directrice générale d’Oxfam France, ancienne ministre du Logement et de l’égalité des Territoires ;
- Natacha VALLA, Doyenne de l’École du management et de l’innovation de Sciences Po, présidente du Conseil national de productivité ;
- Claire WAYSAND, Directrice générale adjointe d’ENGIE.
Si chacun avait des différences de points de vue en matière d’enjeux à prioriser, tous partageaient une préoccupation assez globale et qui résume bien l’ampleur du défi qui nous attend. Comment les décideurs peuvent-ils prendre en compte les impacts économiques pour accélérer la transition et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la manière la plus efficace et la plus juste possible ?