8 mars 2023

Les PME sont essentielles à la construction d’un monde plus durable et inclusif

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont réputées pour leur agilité et leur innovation, mais avancent à un rythme moins rapide lorsqu’il s’agit d’adopter des bonnes pratiques ESG. Voici comment les mettre à niveau, écrit Sanda Ojiambo.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont une force à ne pas négliger. Elles représentent 90 % des entreprises et deux tiers des emplois dans le monde, fournissent des moyens de subsistance à plus de deux milliards de personnes et sont indispensables au bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Malgré leur impact conséquent, beaucoup de PME ne sont pas encore pleinement engagés sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Il est facile de comprendre pourquoi. L’Union européenne, par exemple, considère comme petites les entreprises de 11 à 49 personnes et dont le chiffre d’affaires est inférieur à 10 millions d’euros par an. Une entreprise de taille moyenne compte 50 à 249 salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel allant jusqu’à 50 millions d’euros.

Les dirigeants de telles entreprises ont une charge de travail conséquente et moins de ressources que leurs plus grands concurrents. Ils peuvent donc avoir l’impression de manquer de temps, de connaissances, de capacités ou de fonds pour s’attaquer à des défis comme la crise climatique ou la discrimination à l’égard des minorités. D’autres ne savent tout simplement pas par où commencer. Nous avons cependant besoin que les PME œuvrent pour un monde meilleur – pour leur propre bien et celui de tous.

Pourquoi il est important de s’appuyer sur les critères ESG

Malgré le jargon, l’ESG consiste à faire tout ce qu’il est possible pour éradiquer ou minimiser les effets néfastes de l’entreprise sur l’environnement. Il s’agit de traiter le personnel et les clients équitablement, sans discrimination. Il s’agit aussi d’obéir aux lois et de faire ce qu’il faut pour les endroits et les personnes où l’entreprise opère, tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Ce sont des principes directeurs que toute entreprise devrait s’efforcer à respecter. Et ils peuvent offrir une série d’avantages, allant de la réduction des coûts à la gestion des risques.

Le changement arrive pour les PME, qu’elles le veuillent ou non. Les normes et réglementations en matière de reporting ESG évoluent rapidement. Par exemple, la loi allemande sur le devoir de vigilance dans les chaînes d’approvisionnement, entrée en vigueur depuis janvier, et l’initiative parallèle de l’UE, la Directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité des entreprises, représentent l’élan mondial visant à obliger les entreprises à exercer une diligence raisonnable en matière de droits de l’homme et d’environnement tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement. Si nécessaire, les entreprises doivent démontrer qu’elles ont identifié des risques réels ou potentiels pour les individus et l’environnement. La preuve doit être obtenue auprès des fournisseurs ou de leurs propres fournisseurs.

Par conséquent, les PME qui prennent du retard en matière d’ESG risquent de perdre de précieuses opportunités avec les grandes entreprises. Pour rester du bon côté des clients, des partenaires commerciaux et des organismes de réglementation, les PME doivent s’assurer qu’elles peuvent démontrer qu’elles répondent aux attentes sociales et de gouvernance de la société – et réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre.

Mais présenter aux petites entreprises une longue liste de contrôle ESG et rendre la conformité obligatoire n’est pas la meilleure approche.

Rentabiliser les critères ESG

La bonne façon est de présenter les critères ESG comme un moteur d’innovation, d’impact et de croissance, plutôt que comme un problème de conformité. À l’heure actuelle, la plupart des PME considèrent les programmes ESG comme une dépense inutile et n’en voient pas les avantages. Dans les enquêtes du Pacte mondial des Nations Unies, moins de la moitié des entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 25 millions de dollars rendent compte de leurs performances en matière de développement durable. Parmi les grands groupes dont le chiffre d’affaires est supérieur à 1 milliard de dollars, 94% le font.

Il faut montrer aux PME l’intérêt commercial de l’adoption des critères ESG – comment ils réduisent les risques et peuvent aider à renforcer les relations avec les clients importants. C’est là que les grandes entreprises, qui ont un meilleur accès à la technologie, au savoir-faire et aux ressources, peuvent apporter leur aide. Et en effet, certains le font déjà.

Le groupe énergétique italien Eni, par exemple, a mis à disposition une plateforme numérique ouverte à tous, Open-es, afin que les entreprises puissent apprendre à mesurer et à communiquer leurs données de durabilité d’une manière comparable et partageable. La plateforme dispose d’un réseau social intégré pour aider les entreprises à trouver de nouvelles opportunités de partenariat tout au long de la chaîne d’approvisionnement. À ce jour, plus de 4 000 entreprises de 76 pays y ont adhéré, et 80 % sont des PME.

Ikea est une autre entreprise mondiale qui travaille avec ses fournisseurs pour créer des chaînes de valeur durables. Par exemple, Ikea aide les PME à accéder à l’énergie renouvelable en négociant des contrats groupés d’énergie propre pour des groupes de fournisseurs. Ikea attend de tous ses fournisseurs qu’ils signent un code de conduite qui s’inspire des Dix principes du Pacte mondial des Nations Unies. Ce code définit des attentes claires en matière de conditions environnementales, sociales et de travail, ainsi que de bien-être des animaux. Mais le groupe dispose également d’un “modèle en escalier” qui aide les fournisseurs à améliorer continuellement leurs performances ESG.

Le Pacte mondial des Nations Unies, la plus grande initiative de développement durable des entreprises au monde, est également prêt à aider les PME par le biais de ses réseaux locaux. Ceux-ci opèrent dans 69 pays et sont particulièrement bien placés pour aider les entreprises à comprendre ce que signifie le commerce responsable dans différents contextes nationaux, culturels et linguistiques. Sa stratégie d’engagement des PME consiste à élaborer des ressources et des programmes spécifiques adaptés aux besoins et aux intérêts des petites et moyennes entreprises.

Les PME doivent saisir toutes les occasions d’adopter et de faire progresser les critères ESG, car elles n’ont pas de temps à perdre. Il ne nous reste que quelques années pour modifier la trajectoire de nos émissions de gaz à effet de serre, réduire les inégalités mondiales et réaliser l’Agenda 2030. Individuellement, la contribution de chaque PME peut être modeste, mais collectivement, elle pourrait faire toute la différence.

Sanda Ojiambo
Sous-Secrétaire générale et Directrice générale et exécutive du Pacte Mondial des Nations Unies

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