3 janvier 2023
Favoriser une réponse collective aux défis mondiaux
Que couvre exactement la responsabilité sociale des entreprises ? Et quelles sont les actions concrètes que peuvent mettre en œuvre ces mêmes entreprises ? Nils Pedersen, Délégué général du Pacte mondial Réseau France, décrypte le sujet à travers une série de 5 articles.
Notre monde est confronté à une crise climatique sans précédent et à des lacunes persistantes dans le domaine des droits humains. Nous sommes encore loin d’atteindre les 17 Objectifs de développement durable (ODD) et il est certain que la guerre en Ukraine et le risque d’une récession économique mondiale ne nous aideront pas. Dans ce contexte, la réponse aux défis mondiaux doit passer par l’implication du secteur public et privé.
Traditionnellement, la résolution des problèmes sociaux et environnementaux incombe aux acteurs publics. Au niveau des pays, les gouvernements et leurs administrations ont pour mission d’agir dans l’intérêt général des citoyens. Au niveau international, les institutions multilatérales, au premier plan desquelles l’ONU, ont pour mission de coordonner des réponses collectives aux défis mondiaux. C’est, par exemple, dans ce cadre que l’OMS a permis de livrer plus d’un milliard de doses de vaccins contre la COVID-19 dans le monde par le biais du dispositif COVAX [4].
Pourtant l’approche traditionnelle de la coopération internationale ne suffit plus. Les niveaux d’endettement des États et la résurgence de logiques de blocs entravent les dispositifs multilatéraux. Aujourd’hui, l’implication du secteur privé dans la résolution des défis mondiaux est plus que jamais nécessaire. Les entreprises disposent de ressources financières et d’une capacité d’innovation cruciale pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux. Néanmoins, comment faire cheminer les intérêts privés vers l’intérêt général ?
C’est pour apporter une réponse à cette question que l’ONU a fondé en 2000 le Pacte mondial des Nations Unies (United Nations Global Compact). Ce Pacte invite les entreprises à intégrer volontairement Dix principes reconnus par les États membres des Nations Unies sur le domaine des droits humains, du travail, de l’environnement et de l’anti-corruption. Il offre ainsi un cadre reconnu qui peut permettre aux entreprises de contribuer à la résolution des défis mondiaux, sans se substituer aux États.
L’enjeu est de taille. Le secteur privé doit passer d’une logique centrée autour des attentes des actionnaires et des investisseurs à une prise en compte pleine et entière de préoccupations environnementales et sociales. L’entreprise doit penser l’économie comme utile, au service de la préservation des communs : l’ensemble de ses parties prenantes attendent désormais d’elles une plus grande maitrise de ses externalités négatives et la recherche d’une plus grande justice sociale. C’est bien l’ambition du Pacte mondial depuis plus de 20 ans.
Aujourd’hui, le Pacte mondial de l’ONU permet à plus de 17 000 entreprises, grandes et petites, dans 177 pays, du Nord comme du Sud, de se former et de progresser dans leur démarche de durabilité. Cette initiative onusienne est désormais un acteur incontournable de la contribution du secteur privé au développement durable. Et la France peut s’enorgueillir de se placer au 2è rang des 70 réseaux locaux dans le monde, avec plus de 1800 entreprises engagées dans une démarche de progrès !
[4] France Diplomatie (2022). Santé mondiale – Un an après sa création, COVAX a livré 1 milliard de doses de vaccins contre la Covid dans le monde.