19 décembre 2022
La RSE : une nécessité pour les entreprises
Que couvre exactement la responsabilité sociale des entreprises ? Et quelles sont les actions concrètes que peuvent mettre en œuvre ces mêmes entreprises ? Nils Pedersen, Délégué général du Pacte mondial Réseau France, décrypte le sujet à travers une série de 5 articles.
La RSE peut être définie comme « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes » [1]. À travers leurs démarches RSE, les entreprises mettent volontairement en place de nombreuses actions : plan de réduction des émissions de gaz à effets de serre, amélioration des conditions de travail, éco-conception des produits et services, etc. Depuis 2000, le nombre d’entreprises agissant dans une perspective RSE et communiquant sur leurs actions n’a cessé d’augmenter. Ainsi, 96 % des 250 plus grandes entreprises au monde ont produit un rapport RSE en 2020, contre 64 % en 2005 et seulement 35% en 1999 [2].
Néanmoins, avec la guerre en Ukraine, l’inflation et la crainte d’une récession économique des voix s’élèvent contre la RSE. Pour plusieurs commentateurs, la prise en compte des facteurs environnementaux et sociaux est une charge que l’entreprise ne peut plus se permettre d’assumer dans un contexte économique tendu. Pour d’autres, l’urgence climatique doit, certes, mener les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais la prise en compte de facteurs sociaux n’est pas souhaitable car plus complexe à objectiver. Pour d’autres encore, l’unique responsabilité des entreprises consiste à faire des profits dans le respect de la loi.
Pourtant, la RSE est une nécessité pour les entreprises. Certaines critiques portées à l’encontre de la RSE se fondent sur une méconnaissance, ou un déni, de la refonte du contrat social qui s’opère actuellement entre les entreprises et la société. Aujourd’hui, le secteur privé ne peut plus uniquement assumer une responsabilité économique qui limite sa raison d’être à la production de biens et services. En effet, la société attend des entreprises qu’elles maximisent leurs impacts positifs et réduisent leurs impacts négatifs. D’une part, les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux conséquences des activités économiques sur le climat et les droits des travailleurs. D’autres parts, les travailleurs prennent également davantage en compte ces facteurs dans leurs choix de carrière et les investisseurs dans leurs choix d’investissements.
En plus de permettre aux entreprises de renforcer leur légitimité en répondant aux aspirations de la société, la RSE offre des avantages stratégiques à moyen et long terme. En consolidant sa gouvernance, une entreprise peut réduire son exposition aux aléas, comme lors de la pandémie de coronavirus[3]. En réduisant ses émissions de gaz à effet de serre, elle peut réaliser des économies et anticiper les futures réglementations. En cherchant à éco-concevoir ses produits, elle peut développer des offres innovantes qui assureront sa longévité. Ces trois exemples illustrent la puissance transformatrice de la RSE et les liens qui la lient à la performance économique.
Ainsi, la RSE est un choix stratégique pour les entreprises. Alors même que les perspectives économiques se dégradent, il est certain que les entreprises qui prendront en compte les facteurs environnementaux et sociaux dans leur modèle d’affaires seront les plus à même à survivre et à performer sur le long terme.
[1] Commission européenne (2006). Mise en œuvre du partenariat pour la croissance et l’emploi : faire de l’Europe un pôle d’excellence en matière de responsabilité sociale des entreprises.
[2] KPMG (2020). The KPMG Survey of Sustainability Reporting 2020.
[3] J.P. Morgan (2020). COVID-19 shows ESG matters more than ever.