Une histoire de la RSE

L’origine de la RSE

La notion de responsabilité des entreprises n’est pas récente. C’est dès le 19ème siècle que la  question de la relation de l’entreprise avec la société commence à être posée par plusieurs mouvements bien distincts. Tout d’abord, les protestants qui, influençés par l’éthique inhérente à leur religion et qu’a notamment théorisé Max Weber, voient l’appropriation privée d’un bien comme étant jusitifiable que si elle sert le bien-être de la communauté. Cette conception morale s’est exercée au fil des années, sous la forme d’organisations philanthropiques, crées par des riches hommes d’affaires, le plus emblématique étant Andrew Carnegie, utilisant leur surplus de richesse au service de l’intérêt public. L’idée de responsabilité sociétale d’une entreprise trouve également racine dans le socialisme utopique de Robert Owen, fondateur du mouvement coopératif qui influença la démarche de nombreux industriels américains et anglo-saxons (Henry Ford, Thomas Edison, Chester Barnard…)

C’est au début des années 1950, que cette conception morale va faire son apparition dans le champ académique et se diffuser dans le milieu entrepreneurial avec la publication en 1953 d’un livre commandé par des organisations protestantes, The Social Responsabilities of the Businessman, par Howard Bowen.C’est dans cet ouvrage que l’on trouve pour la première fois le concept de corporate social responsibility et qui infusera par la suite de nombreux ouvrages théoriques sur les relations entre une entreprise et la société. En 1984, R.Edward Freeman définit le concept de “partie prenante” (stakeholder) dans son livre Strategic Management : A Stakeholder Approach et entreprend de recenser et classer les différents types de parties prenantes ce qui aboutira à l’édification de la grille de Mitchell comme système de classification.

Au départ, il s’agit surtout pour les entreprises de prendre en compte les externalités négatives sociales et environnementales de leurs activités plus que de s’emparer d’une responsabilité élargie.

L’accélération et l’institutionnalisation de la RSE

Dans les années 19980, l’accélération de la mondialisation et la démocratisation de la télévision entraînent de fortes prises de conscience dans la société civile, notamment autour de l’impact des activités des entreprises sur l’environnement. Ce phénomène est également favorisé par les grandes catastrophes industrielles et environnementales, voire sociales, de cette période : catastrophe de Seveso, Bhopal, marées noires…


Si, du côté des entreprises, il est encore question de performance financière comme Milton Friedman pouvait l’affirmer en 1970, un autre courant se développe autour d’une performance multidimensionnelle. Archie B. Carroll évoque une définition fondatrice de la RSE dans son ouvrage « A Three-Dimensional Conceptual Model of Corporate Performance ». Celle-ci met en avant la notion de “devoirs” auxquels l’entreprise doit répondre, des obligations tournant autour des dimensions économique, légale, éthique et philanthropique.

Dans les années 1990, les consommateurs et les ONG commencent à porter une attention de plus en plus marquée aux activités des entreprises, entrainant ainsi les États à développer la réglementation sur le sujet. En France, la loi relative aux nouvelles régulations économiques, dite loi NRE, promulguée en 2001, est le premier texte obligeant les entreprises à rendre publiques des informations de performance en rapport avec le développement durable.


Les entreprises, elles-même, sont de plus en plus conscientes de leur responsabilité sociale et environmentale propre en participant pour certaines à des conférences internationales comme au sommet de la Terre de Rio en 1992 ou au Forum économique Mondial en 2000 avec le lancement du Pacte Mondial par Kofi Annan.  

LA RSE aujourd’hui

Devoir de vigilance, CSRD, taxinomie, loi PACTE… De plus en plus de lois encadrent aujourd’hui la RSE au sein des entreprises, que ce soit au niveau national ou européen. Si la RSE fait désormais partie intégrante de la réflexion autour des activités pour la plupart des grandes entreprises, il reste tout de même beaucoup de chemin à parcourir.

L’adoption en 2015 par 193 pays des 17 Objectifs de développements durable trace désormais le chemin à suivre pour les entreprises afin de répondre aux défis de la lutte contre les inégalités et le réchauffement climatique. Dans ce contexte, le Pacte mondial constitue un réseau essentiel pour avancer sur la voie de l’entreprise socialement responsable.

RSE mode d’emploi

Que couvre exactement la responsabilité sociale des entreprises ? Quelles sont les actions concrètes que peuvent mettre en œuvre ces mêmes entreprises ? À travers cette série d’articles, le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France vise à apporter les clés de compréhension pour permettre aux entreprises de placer la responsabilité sociétale au cœur de leur stratégie.