Le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France a participé au salon Produrable 2024, le rendez-vous incontournable de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et du développement durable. À cette occasion, l’équipe a animé deux ateliers et participé à une table ronde autour d’enjeux cruciaux : la valeur de la preuve, la transformation des chaînes d’approvisionnement et le rôle du secteur privé dans la préservation des océans.
Table ronde sur « La valeur de la preuve »
La table ronde, modérée par Nathalie Boyer, Déléguée Générale chez ORÉE, a souligné l’importance de la transparence des entreprises : « dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit ».
Lors de cet événement, Nathalie Pessel, Responsable du pôle Programme au Pacte mondial de l’ONU – Réseau France, a rappelé que l’adhésion à l’initiative onusienne renforce la crédibilité des actions des entreprises au-delà des exigences règlementaires, car elle implique un engagement écrit des dirigeants et une Communication sur le Progrès (CoP) annuelle et publique. Le réseau mobilise ses 2100 membres pour qu’ils partagent leurs réussites et défis, encourageant ainsi l’émulation entre entreprises par la « valeur de la preuve ».
En ce qui concerne la réglementation européenne, Franck Amalric, Sponsor du Domaine d’Excellence Sustainability chez Square Management, a indiqué que la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), en vigueur depuis janvier 2024, harmonise la mesure des effets externes dans le reporting RSE. Cependant, il estime que cette approche reste insuffisante, car elle ne couvre pas tous les impacts des grandes décisions des entreprises.
Pour démontrer « la valeur de la preuve » de la transformation, Franck Amalric précise que les entreprises devront s’appuyer sur des faisceaux d’indices plutôt que sur des études systémiques, trop coûteuses et longues. La « valeur de la preuve » reste une cible mouvante, les attentes des parties prenantes évoluant constamment.
Victoria Abramova, Directrice générale de MARS, a présenté la stratégie de durabilité de l’entreprise, engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, avec 60 % de son énergie déjà renouvelable.
« La valeur de la preuve ne repose pas uniquement sur les chiffres, mais aussi sur ce qui est entrepris derrière », a déclaré Victoria Abramova, soulignant l’importance de sensibiliser et d’éduquer en interne, notamment les associés, sur ses objectifs environnementaux et pour faire progresser l’entreprise. Tous les dirigeants de MARS sont désormais évalués par des KPIs relatifs à la durabilité.
Enfin, Sandrine Raffin, Présidente et Fondatrice de LinkUp, a mis en lumière l’importance d’une communication transparente et crédible vis-à-vis des parties prenantes autour de la stratégie CSRD, indiquant que « certaines parties prenantes la challengeront, en interne ou en externe. » Elle estime que la communication doit être structurée autour de tels que les achats responsables et l’empreinte carbone.
Atelier : « Transformation des chaînes d’approvisionnement »
Emile Ezzeddine, chargé des PME et des organisations professionnelles au Pacte mondial de l’ONU – Réseau France défini la chaîne d’approvisionnement comme « le réseau d’acteurs (fabricants, sous-traitants, fournisseurs, distributeurs, grossistes…) contribuant à l’élaboration et à la vente d’un bien ». Il a souligné l’importance stratégique d’intégrer la RSE dans sa gestion d’entreprise pour réduire les risques, répondre aux attentes des consommateurs et anticiper les nouvelles réglementations. Selon lui, bien que les TPE, PME et ETI représentent plus de 90 % des fournisseurs dans de nombreux secteurs, elles manquent souvent de ressources pour se transformer.
Il note que seules 15 % des entreprises évaluées par CDP se fixent des objectifs de réduction des émissions dans leurs chaînes d’approvisionnement, et seulement 36 % des émissions liées à l’achat de biens concernent les fournisseurs de rang 1. Sans visibilité sur les autres niveaux, les efforts peuvent manquer d’impact sur le Scope 3.
Emile Ezzeddine a également rappelé que la transformation des chaînes ne doit pas se limiter à la décarbonation. En France, près de 12 milliards de dollars d’importations sont suspectés d’avoir impliqué du travail forcé chaque année.
Nathalie Leroy, Déléguée générale du Conseil National des Achats, a affirmé que la transformation des chaînes d’approvisionnement est une priorité stratégique, notamment pour la gestion des risques environnementaux et réglementaires. La transparence sur l’ensemble des fournisseurs favorisera la compétitivité des entreprises.
Laurent Denoux, Chargé de mission Parcours national des achats à la Médiation des entreprises, a mis l’accent sur la nécessité d’outiller les fournisseurs pour identifier et anticiper les risques économiques, environnementaux, sociaux et numériques, y compris la cybersécurité. Nathalie Leroy a indiqué que lors de la pandémie de COVID-19, les entreprises ayant anticipé les risques ont mieux résisté à la crise.
Laurent Denoux recommande aux donneurs d’ordres et aux PME la transparence et la traçabilité, avec l’établissement d’une cartographie des risque et l’association d’entreprises pour mutualiser leurs efforts. Emile Ezzeddine a également noté que certaines initiatives sectorielles ont réalisé des audits jusqu’à des fournisseurs de rang 5.
Bien que les PME représentent 15 % de l’empreinte carbone française, moins de 20 % d’entre elles bénéficient du soutien de la part leurs donneurs d’ordres sur le volet RSE, a indiqué Emile Ezzeddine. Laurent Denoux a ajouté que les PME doivent pouvoir compter sur des fournisseurs fiables pour croître. Nathalie Leroy a ainsi cité l’exemple de Schneider Electric qui accompagne de nombreux fournisseurs de petite et moyenne taille dans leur démarche de décarbonation.
Enfin, Nathalie Leroy et Laurent Denoux ont souligné l’intérêt du Parcours national des achats responsables pour aider les entreprises souhaitant instaurer des relations durables et transparentes avec leurs partenaires commerciaux. Des outils comme la Charte RFAR et le label Relations fournisseurs et achats responsables encouragent les acteurs publics et privés à s’engager dans des pratiques d’achats responsables.
Atelier : « UNOC 2025 : Quels engagements et actions des entreprises pour l’Océan ? »
À l’approche de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan en 2025, le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France a organisé un atelier sur le rôle du secteur privé dans la préservation de cet écosystème, qui couvre 71 % de la surface de la Terre. Avec le deuxième plus grand domaine maritime au monde, la France joue un rôle central dans cette ambition.
L’atelier, co-organisé avec Entreprises pour l’Environnement (EpE), et animé par Manon Coulon-Gavalda, Responsable des Relations Institutionnelles et des Partenariats au Pacte mondial de l’ONU – Réseau France, a mis en lumière les enjeux liés à la préservation des océans, et abordé les pistes d’engagement pour le secteur privé.
Wilfried Sanchez, Directeur Adjoint de la Direction Scientifique de l’Ifremer, a rappelé la vulnérabilité des écosystèmes marins, menacés par la pollution, la pêche non encadrée et l’extraction minière sous-marine, tout en soulignant l’importance des connaissances scientifiques sur lesquelles repose l’UNOC – conformément à la volonté des Nations Unies.
Thao Fabregas, Responsable Stratégie Environnement, Direction de l’Engagement Sociétal du Crédit Agricole S.A., et Fabien Germond, Hydrographe et Chargé de Développement chez Exail, ont présenté leurs projets respectifs. Fabien Germond a présenté les innovations durables d’Exail pour la cartographie profonde des océans, tandis que Thao Fabregas a détaillé les initiatives de fonds d’investissements bleus du Crédit Agricole pour soutenir des projets de préservation des milieux aquatiques.
« L’océan c’est l’affaire de tous », a déclaré Alicia Lachaise, Responsable Océan chez EpE. « Des coopérations sont nécessaire pour accélérer la préservation et la prise en compte des enjeux liés à l’océan ».