Le mois de novembre marque un temps fort pour l’action environnementale, avec l’ouverture de la COP 29 à Bakou mais également les COP pour la biodiversité et la lutte contre la désertification. Cet article explore les enjeux des trois grandes Conférences des Parties de cette fin d’année 2024, ainsi que leur impact sur le secteur privé.
Le 11 novembre s’ouvrira à Bakou la COP 29, l’un des temps forts de l’année pour la lutte contre les changements climatiques. La COP 29 réunira pendant deux semaines l’ensemble des parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Les discussions s’articuleront autour de la définition d’un nouvel objectif pour le financement de l’action climatique et du prochain cycle de plans d’action climatique nationaux (CDN). Au-delà de la COP sur le climat, deux autres Conférences des parties (COP) ont lieu en cette fin d’année 2024 : la COP 16 sur la biodiversité qui s’est achevée ce vendredi 1er novembre 2024 à Cali, en Colombie, et la COP 16 sur la désertification, qui se tiendra à Riyad en Arabie Saoudite du 2 au 13 décembre 2024.
Qu’est-ce qu’une COP ?
Les Conférences des parties (Conference Of Parties – COP) sont les organes décisionnaires majeurs réunissant l’ensemble des États signataires des conventions des Nations Unies. Elles se tiennent généralement sur une base annuelle ou biennale et servent de réunion officielle pour les parties à ces conventions, visant à examiner la mise en œuvre de celles-ci, adopter si nécessaire d’autres instruments et prendre les décisions nécessaires pour promouvoir l’application effective de la convention, y compris les dispositions institutionnelles et administratives.
Bien que les négociations de la COP soient menées par les Parties, elles ont évolué pour inclure un éventail plus large de parties prenantes. Les acteurs non étatiques, tels que les agences des Nations Unies, les organisations intergouvernementales (OIG) et les organisations non gouvernementales (ONG), peuvent participer en tant qu’observateurs accrédités. Bien que les entités du secteur privé ne puissent pas bénéficier du statut d’observateur officiel, elles sont souvent incluses dans les délégations des organisations ou des gouvernements.
Les conventions de Rio et leur COP
Les conventions de Rio sont les trois conventions issues des différents accords conclus lors du Sommet de la Terre de 1992 à Rio de Janeiro. Elles se concentrent sur :
- Le changement climatique (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques – CCNUCC)
- La biodiversité (Convention sur la diversité biologique – CDB)
- La désertification (Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification – CNULCD)
Chacune des conventions de Rio dispose de sa propre COP. Celle de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques domine souvent l’attention médiatique et le débat public. C’est notamment le cas en France en raison de la résonnance toute particulière de la COP 21, durant laquelle fut adoptée l’Accord de Paris. Néanmoins, les deux autres COP, celle sur la biodiversité et celle sur la lutte contre la désertification, sont également essentielles pour assurer un avenir plus sûr, sain et durable pour tous. Ces deux conférences commencent à investir le débat public, à mesure que les communautés font face à une augmentation rapide des dommages aux écosystèmes, à la perte de biodiversité, et à des sécheresses et à la dégradation des terres. dommages aux écosystèmes, à la perte de biodiversité, et à des sécheresses et à la dégradation des terres.
UN Photo/Michos Tzovaras
La COP 29 de la Convention contre les changements climatiques et les entreprises
La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques 2024 (COP 29) se tiendra du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan. Au fil des éditions, les COP de la CCNUCC se sont concentrées sur les enjeux de l’atténuation, de l’adaptation des effets du changement climatique et des moyens de mise en œuvre (financement, technologie et renforcement des capacités). Depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015, d’autres questions se sont retrouvées au cœur des discussions, telles que la transparence, les mécanismes de marché, les pertes et dommages et la transition juste.
La COP 29 est considérée de manière informelle comme la « COP sur le financement », puisque les principales négociations porteront sur un nouvel objectif sur le financement climatique à partir d’un plancher de 100 milliards de dollars par an. Les parties négocieront également autour d’autres enjeux clés, comme :
- parvenir à un accord sur l’article 6 de l’Accord de Paris, qui est axé sur le développement et l’utilisation de mécanismes de crédit carbone et de mécanismes non marchands pour atteindre les objectifs climatiques ;
- créer une dynamique et accroître l’ambition des plans de transition climatique des pays, officiellement appelés contributions déterminées au niveau national (CDN), qui doivent être révisés et soumis d’ici février 2025 ;
- assurer la présentation dans le temps imparti des premiers rapports biennaux de transparence (BTR), qui doivent être présentés avant le 31 décembre 2024, afin de renforcer la confiance et la transparence entre les États lorsqu’ils rendent compte de leurs progrès.
Le Pacte mondial des Nations Unies animera un pavillon dans la zone bleue lors de la COP 29 à Bakou. Tous les représentants du secteur privé sont invités à s’y rendre à l’occasion des événements organisés par le Pacte mondial des Nations Unies, ses réseaux nationaux présents et d’autres partenaires, ainsi que pour rencontrer des experts et des praticiens du monde entier, et échanger entre pairs.
Les Contributions nationales déterminées
Les Contributions déterminées au niveau national (CDN) sont au cœur de l’Accord de Paris et servent de plan d’action climatique pour chaque pays. Les CDN incarnent les engagements pris par les États pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux effets du changement climatique. Mis à jour tous les cinq ans, les CDN visent à accroître progressivement les ambitions, permettant ainsi au monde de rester sur la bonne voie pour atteindre les objectifs à long terme de l’Accord de Paris et limiter la hausse des températures à 1,5°C en moyenne par rapport à l’ère préindustrielle.
Les premier et deuxième cycles de présentation des plans d’action nationaux pour le climat, ont eu lieu en 2015 et 2020/2021, le troisième cycle, CDN 3.0, étant attendu début 2025.
Malgré les coûts humains et économiques croissants associés à la crise climatique à l’échelle mondiale, le rapport de synthèse des CDN 2024 ne montre qu’une amélioration marginale par rapport à 2023. Sur la base des dernières CDN, les niveaux totaux d’émissions mondiales de GES en 2030 ne devraient alors être que de 2 % inférieurs aux niveaux de 2019, bien qu’une réduction de 43 % est nécessaires pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C. Il y a donc un enjeu majeur d’accroître considérablement l’ambition autour de ces CDN, le niveau de mise en œuvre actuel étant trop faible pour espérer remplir les objectifs de l’Accord de Paris.
Cela signifie concrètement que la planète est toujours sur la voie d’une augmentation de la température moyenne mondiale pouvant atteindre jusqu’à 2,8°C, ce qui entrainerait des dommages considérables et irréversibles tant sur la santé humaine, que sur la sécurité alimentaire, l’économies mondiales et la nature, entrainant ainsi des millions de personnes dans la pauvreté.
Les entreprises jouent un rôle important dans la réalisation de ces objectifs et des CDN. En déployant des capitaux, en tirant parti de l’expertise et des innovations sectorielles et en conseillant des politiques propices adaptées à leur territoire et à leur secteur d’activité, les entreprises peuvent ouvrir de nouvelles opportunités de marché, renforcer la résilience et contribuer à une transition juste tout en réduisant leur propre impact environnemental.
Il est ainsi essentiel d’impliquer les entreprises dans l’élaboration et la mise en œuvre des CDN pour étendre l’éventail des solutions en faveur du climat et donc par conséquence accélérer les progrès mondiaux vers les objectifs de l’Accord de Paris.
Forward Faster : Accélérer l’impact du secteur privé sur l’action climatique
En septembre 2023, à mi-chemin de l’Agenda 2030, le Pacte mondial des Nations Unies a lancé l’initiative Forward Faster, un appel aux entreprises du monde entier à prendre des mesures concrètes dans des domaines d’action clés, notamment l’égalité des sexes, l’action climatique, le salaire vital, la résilience de l’eau et le financement et l’investissement des ODD alignés sur l’Agenda 2030.
Les entreprises qui, à travers Forward Faster, fixent et progressent sur des objectifs d’entreprise crédibles et responsables sont à l’avant-garde du leadership en matière de modèles d’affaires durables. Le rapport d’avancement Forward Faster 2024 révèle que plus de 1 700 entreprises se sont engagées à accélérer leurs contributions aux ODD à travers plus de 4 360 cibles individuelles.
Action climatique
À travers l’initiative, le Pacte mondial des Nations Unies incite les entreprises à s’engager en faveur de deux cibles liées à l’action climatique :
- Fixer des objectifs scientifiques de réduction des émissions à travers l’initiative Science Based Targets, en alignant leurs actions sur une trajectoire de 1,5 °C avec pour objectif d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050 au plus tard.
- Contribuer à une transition juste en prenant des mesures concrètes qui abordent les impacts sociaux des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique en partenariat avec des acteurs tels que les travailleurs, les syndicats, les communautés et les fournisseurs.
Le rapport d’avancement montre que les pays du Nord global sont plus susceptibles de s’engager sur la réduction des émissions, tandis que ceux du Sud global sont plus susceptibles de s’engager sur une transition juste. À mesure que la prise de conscience des risques climatiques interconnectés augmente, les entreprises se doivent également d’adopter des approches plus holistiques qui intègrent non seulement la réduction de leurs émissions, mais aussi l’atténuation et l’adaptation.tègrent non seulement la réduction de leurs émissions, mais aussi l’atténuation et l’adaptation.
La COP 16 sur la biodiversité
La COP 16 de la Convention sur la diversité biologique s’est tenue du 21 octobre au 1er novembre 2024 à Cali, en Colombie. La dernière édition (COP15) à Montréal, au Canada en 2022, avait abouti sur le « Cadre mondial pour la biodiversité » (Cadre de Kunming-Montréal), qui vise à stopper et à inverser la perte de biodiversité mondiale d’ici 2030. A la différence de la COP de la CCNUCC qui se tient annuellement, la COP de la CDB se tient biannuellement.
Cette COP sur la biodiversité implique tout particulièrement les entreprises à travers l’objectif 15 du Cadre mondial pour la biodiversité, qui exhorte les entreprises à évaluer, divulguer et réduire les risques et les impacts négatifs liés à leur activité sur la biodiversité. En mettant en œuvre des stratégies et des objectifs mesurables liés à la biodiversité, en collaborant avec les pouvoirs publics, les associations mais aussi entre pairs, les entreprises peuvent jouer un rôle essentiel dans la mise en œuvre d’un futur plus respectueux de la biodiversité.
Cette COP 16 s’articulait autour de 3 enjeux clés :
- la mobilisation des ressources financières pour la biodiversité, avec l’objectif d’atteindre 200 milliards d’aide annuelle d’ici à 2030 ;
- opérationnalisation du cadre de suivi des objectifs pour permettre aux gouvernements de rendre compte des progrès, avec l’examen des premiers plans nationaux alignés avec le Cadre de Kunming-Montréal ;
- finalisation du mécanisme de partage des avantages liés à l’utilisation des informations de séquençage numérique (DSI).
Attendue comme une conférence centrée sur l’action, avec la mise en œuvre des engagements du Cadre mondial pour la biodiversité, cette dernière édition a eu des résultats mitigés. D’une part, les 193 États présents ne sont pas parvenus à un accord sur le financement de la biodiversité, résultant d’une fracture entre le Nord et le Sud global sur l’actuel fonds pour la biodiversité. Deuxièmement, les parties ne sont pas parvenues à un accord sur le cadre de suivi des objectifs du Cadre de Kunming-Montréal.
Parmi les avancées, cette COP a toutefois abouti sur un accord historique en faveur des peuples autochtones, avec la création d’un organe permanent de la Convention, chargé de représenter les peuples autochtones. De plus, avec la mise en place du « Fonds de Cali » les entreprises qui utilisent des séquences génétiques numérisées de plantes ou d’animaux sont appelées à contribuer au Fonds pour partager les bénéfices avec les pays d’origine de ces ressources. La moitié du Fonds étant ainsi allouée aux peuples autochtones.
La COP 16 de la Convention sur la lutte contre la désertification
La COP sur la désertification se tiendra du 2 au 13 décembre 2024 à Riyad, en Arabie saoudite. La COP 16 sera la plus grande réunion jamais organisée par les 197 Parties à la CNULCD et la première à se tenir dans la région du Moyen-Orient. Elle se concentrera sur :
- la restauration des terres,
- la résilience face à la sécheresse,
- la terre au cœur des ODD,
- les droits fonciers des femmes.
En prévision de la COP30 de la CCNUCC en 2025 à Belém au Brésil, les deux COP axées sur la biodiversité et la désertification devraient influencer considérablement les discussions qui se tiendront au Brésil l’année prochaine.