Cette semaine s’est tenu à New York le segment de haut niveau de la 80e Assemblée générale des Nations Unies. Celle-ci, placée sous le thème « Mieux ensemble : 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits humains » aura été marquée à la fois par l’urgence des crises actuelles et la volonté d’accélérer la transformation du multilatéralisme. Présent durant toute la semaine, le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France aura animé plusieurs évènements de haut niveau. L’occasion pour Nils Pedersen, Délégué général, de proposer un décryptage de cette semaine diplomatique.  

Une semaine diplomatique pour redynamiser le multilatéralisme et apporter des solutions concrètes 

Un débat général sous le signe de l’action collective, mais des visions opposées 

La présidente allemande de l’Assemblée générale, Annalena Baerbock, a lancé le débat général en appelant à replacer l’action collective, l’unité et la solidarité au cœur des discussions. De son côté, le Secrétaire général António Guterres a rappelé que le monde était « submergé par des crises qui se chevauchent : guerres, urgences humanitaires, dérèglement climatique » et a ainsi invité les États à faire de cette semaine « une semaine de solutions ». 

Diplomatiquement, cette AG de l’ONU était bien évidemment marquée par la reconnaissance d’un Etat Palestinien par plusieurs pays, dont la France. et le Prince héritier et Premier ministre du Royaume d’Arabie saoudite, Mohammed bin Salman, ont coprésidé la Conférence pour la mise en œuvre de la solution à deux États et le règlement pacifique de la question palestinienne au siège des Nations Unies. 

Dans son allocution du lundi 23 septembre, le Président des États-Unis, Donald Trump, s’est pour sa part montré critique de l’ONU, dénonçant son inefficacité dans la résolution de crises, et s’opposant également aux politiques de lutte contre le changement climatique et aux politiques migratoires. 

À contre-courant, le Président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, a plaidé pour un multilatéralisme et une gouvernance mondiale réformés, plaçant la démocratie, la justice sociale et la lutte contre le changement climatique au cœur des priorités. Rappelant que « la seule guerre dont tout le monde peut sortir vainqueur est celle contre la faim et la pauvreté », et appelant à faire de la COP30 à Belém « la COP de la vérité ». 

ONU80 : une initiative de modernisation de l’organisation pour l’adapter aux enjeux contemporains 

A l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies, l’Assemblée générale a été l’occasion de lancer l’initiative ONU80, dans la continuité du Pacte pour l’avenir adopté en 2024, avec pour objectif de donner un nouvel élan à l’organisation et au multilatéralisme. Cette dynamique s’inscrit dans une logique de transformation : renforcer la capacité des Nations Unies à agir sur les conflits, les inégalités, les déplacements de population, les chocs climatiques et les mutations technologiques rapides, alors même que l’aide publique au développement est en chute partout dans le monde. L’initiative s’articulera notamment autour de la réévaluation de plusieurs milliers de mandats, et la simplification des processus bureaucratiques, pour rendre l’ONU plus efficace face aux crises contemporaines. 

Si l’ONU doit en effet se transformer pour s’adapter aux nouvelles réalités, cela ne doit pas occulter les avancées concrètes réalisées sur le terrain depuis 80 ans, par exemple : 

L’économie mondiale vers un nouveau modèle de résilience 

La première édition du Sommet biennal pour une économie mondiale et résiliente s’est tenue en marge de l’Assemblée, ce mercredi 24 septembre. Mandaté dans le cadre du Pacte pour l’avenir,  et dans la continuité de la Conférence de Séville pour le financement du développement durable, il vise à faire le point sur les engagements relatifs au financement des ODD, renforcer le dialogue entre les dirigeants des institutions multilatérales et les chefs d’État et de gouvernement, et à explorer les moyens de renforcer la collaboration entre les institutions multilatérales pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030.  

Malgré les efforts, un déficit annuel de 4 000 milliards de dollars persiste pour mettre en œuvre l’Agenda 2030, tandis que de nombreux pays à faible revenu et à revenus intermédiaires inférieurs consacrent près de 4 % de leur PIB au service de la dette. 

Objectifs de développement durable : « tenir la promesse » 

Dix ans après leur adoption, les ODD sont en retard : seuls 35 % des cibles affichent des progrès modérés. Près de la moitié progressent trop lentement et 18 % régressent. Une séquence spéciale intitulée « Keeping the promise » a eu lieu le 22 septembre et a réaffirmé l’urgence de redoubler d’efforts d’ici 2030, en s’appuyant sur des initiatives récentes comme la conférence sur les océans de Nice ou le deuxième sommet sur les systèmes alimentaires. 

Vers la protection des océans : un succès diplomatique 

Cette semaine aura également été marquée par la ratification du Traité sur la haute mer par 60 États, ouvrant ainsi la voie à son entrée en vigueur en 2026. Ce traité est une étape majeure vers la protection à court et long terme des océans, visant à préserver la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales et des zones économiques exclusives, soit près de la moitié de la planète. La mise en application du traité s’appuiera sur une Conférence des Parties (COP), comparable à celle relative au climat. 

Le Pacte mondial des Nations Unies durant l’UNGA80 : réaffirmer le rôle central du secteur privé 

Quatre des institutions commerciales internationales les plus influentes au monde – la Chambre de commerce internationale, l’Organisation internationale des employeurs, le Pacte mondial des Nations Unies et le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable – réaffirment conjointement le soutien ferme du secteur privé à un système multilatéral inclusif, efficace et fiable dans un contexte de divisions mondiales croissantes : 

Le Forum du secteur privé du Pacte mondial des Nations Unies :  les PDG et les gouvernements réunis pour mobiliser des capitaux en faveur des ODD 

Le Forum du secteur privé 2025 s’est déroulé lundi 22 septembre, articulé notamment autour de la feuille de route du Pacte mondial des Nations Unies pour la finance durable, visant à canaliser les capitaux privés vers six enjeux de transitions clés de l’économie : systèmes alimentaires, énergie, accès numérique, éducation, emploi et climat et biodiversité. 

Les dirigeants ont également abordé l’urgence économique. Maintenir le statu quo pourrait coûter cinq fois plus cher que d’investir pour contenir le réchauffement à 1,5 °C, les impacts climatiques entraînant déjà des dommages annuels d’environ 500 milliards de dollars. En revanche, des solutions durables dans les domaines de l’alimentation, de l’eau, de la santé et du climat pourraient générer 10 000 milliards de dollars d’opportunités et créer près de 400 millions d’emplois d’ici 2030. 

Dans le cadre du UN Global Compact Leader Summit, le PDG d’Ikea Jesper Brodin a rappelé l’urgence d’appliquer les Dix principes du Pacte mondial et résoudre les problèmes du changement climatique de manière globale, ceux-ci n’étant pas une question de pays ou de continent. Selon lui, les dirigeants ont une responsabilité immense, et nous disposons aujourd’hui de tous les éléments pour nous pousser à agir. 

CEO Study 2025 – Le sentiment des PDG à l’égard de la durabilité reste fort  

Le Pacte mondial des Nations Unies a dévoilé les résultats de l’édition 2025 du CEO Study réalisé avec Accenture. Celle-ci s’appuie sur les contributions de près de 2 000 PDG dans 128 pays, pour examiner comment les dirigeants passent de l’ambition durable à l’action, malgré l’incertitude économique et les défis géopolitiques. 

Paris–Belém : où en est l’action des entreprises dix ans après l’Accord de Paris ?

En marge de l’Assemblée générale, le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France, aux côtés de ses homologues espagnol et brésilien, a organisé le 22 septembre au siège des Nations Unies la conférence « From Paris to Belém: Ten Years Later, How Far Has Business Come – and How Far Must It Go? ». Ouverte par Nils Pedersen, Délégué général, et Thani Mohamed-Soilihi, Ministre délégué chargé de la Francophonie et des partenariats internationaux, cette rencontre de haut niveau a réuni plusieurs dirigeants de grandes entreprises internationales. Ensemble, ils ont dressé le bilan d’une décennie d’engagement du secteur privé depuis l’Accord de Paris, soulignant à la fois les avancées notables en matière d’investissement, d’innovation et de technologies bas carbone, et les défis persistants liés à des chaînes de valeur encore fortement émettrices. Le débat, animé par Lila Karbassi-Zadeh, a également mis en avant la dimension sociale de la transition, la nécessité de maintenir la compétitivité et les opportunités offertes par la COP30 à Belém pour rehausser l’ambition climatique mondiale. Tous ont réaffirmé une conviction partagée : l’action des entreprises reste indispensable pour atteindre les objectifs climatiques et construire un avenir durable.

Une nouvelle stratégie ambitieuse à horizon 2030 pour le Pacte mondial des Nations Unies 

La stratégie 2026-2030 du Pacte mondial des Nations Unies a été approuvée cette semaine par le Board de l’UNGC. Celle-ci repose notamment sur 3 piliers :  

Nouvelle étude du Pacte mondial de l’ONU – Réseau France : Les Européens sont attachés au développement durable et ont des attentes fortes envers les entreprises  

Pacte mondial de l’ONU – Réseau France dévoilait mercredi 24 septembre les résultats de son étude «La perception du développement durable par les Européens». Cette étude s’appuie sur des données collectées par l’institut Kantar auprès d’un échantillon de 13 000 Européens, résidant dans seize pays européens où le Pacte mondial est présent.  

Les conclusions révèlent une perception largement positive et homogène du développement durable à travers le continent, et une forte attente, tant envers les gouvernements qu’envers les entreprises, pour accélérer la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD).